Insolite
Né en 1956, Michel Gomart eut son premier Instamatic vers l'âge de dix ans : ses premières photos firent rire : elles n'étaient ni cadrées, ni nettes. Il considéra alors que ce n'était ni sa voie, ni son don et oublia cet appareil...
Vers 18 ans, il reçut un Fujica reflex qui le laissa perplexe mais lui permit de travailler le cadrage de ses photos. Mais ce n'est qu'il y a une vingtaine d'années qu'il se consacra vraiment à la photographie.
Depuis, il se régale et peu importe que ses photos puissent être floues, au contraire. Il a appris à faire du flou son ami permettant de dégager des émotions ou une forme de regard qu'il ne trouvait pas toujours dans la netteté de certaines photos.
En 2008, il s'autorisa à exposer quelques photos en compagnie de deux amis : Primitives. Depuis il expose régulièrement sous forme individuelle ou collective et en 2018, a réalisé sa première exposition individuelle à l'étranger, au Théâtre Royal de Marrakech,
On a dit de lui
Michel Gomart s’intéresse très tôt à la photographie.
Un appareil reçu en cadeau lui permet de découvrir le plaisir de la prise de vues.
Puis, son intuition, son sens aigu du cadrage, sa curiosité, sa sensibilité exacerbée ont fait le reste, avec cette discrétion et cette réserve qui le caractérisent et dont il ose sortir, tout doucement, sans faire de bruit, pour montrer les photos qu’il n’a pas cessé de prendre depuis une vingtaine d’années…
…Alternant flous, images évanescentes ou frontales, jouant avec les perspectives, flirtant avec la nostalgie ou le devoir de mémoire, ses photographies révèlent une sensibilité à fleur de peau et une grande tendresse.
Avec un goût prononcé pour les lieux oubliés qui cherchent à raconter leur histoire, pour les usines désaffectées, comme pour les villages un peu perdus, pour les paysages surpris au détour d’une courbe, lors de voyages en train. Pour la lumière qu’il va chercher sous des ciels sombres et tristes.
Son regard est de plus en plus sûr tandis que les contours de ses photos, de plus en plus flous, expriment la subjectivité et le parti pris de l’image.
Ne lui dites pas qu’il est photographe. il est trop timide pour oser s’en revendiquer, il est trop admiratif des Kertész, Petersen, Ackerman, Giacomelli et autres pour envisager un seul instant être assimilé à ces grands de la photographie. Son apparente simplicité est déroutante comme sa sensibilité exacerbée est touchante et lorsque ses expositions que quelques amis l’obligent presque à organiser lui valent des compliments et même la reconnaissance de photographes ou de commissaires d’exposition connus et reconnus, il s’excuse presque tant il ne se trouve pas « légitime". Et pourtant, c’est bien son sens aigu du cadrage et de la lumière, de la l-juste distance, sa tendresse, mais aussi sa mélancolie qui s’expriment dans des images évanescentes ou flous quand il s’agit de paysages qu’il ne veut surtout pas trahir. Mais quand il se prend de passion pour les usines désaffectées ou l’architecture contemporaine, il nous surprend avec des images frontales, parfois brutales, souvent désenchantées. Si parler de ses photographies le gêne, ses photographies parlent pour lui, parlent de lui, de ses tensions, de ses rêves, de ses révoltes… La photographie rythme et ponctue sa vie et les images qu’il propose ici s’inscrivent pleinement dans son temps à lui qu’il suspend aujourd'hui, comme une pause, de légèreté, de lumière, de spontanéité, simplement.
Bernadette Sabathier Agence Vu 2018